La guillotine est une machine de conception française, inspirée d’anciens modèles de machines à décollation, et qui fut utilisée en France pour l’application officielle de la peine de mort par décapitation, puis dans certains cantons de Suisse, en Suède, en Belgique et en Allemagne.
En France, la guillotine fonctionna à la prison des Baumettes pour la dernière fois en septembre 1977, et fut remisée définitivement, après l’abolition de la peine de mort en 1981, à la prison de Fresnes.
Essais sur des cadavres humains
Le mardi, 17 avril 1792, se sont retrouvés à Bicêtre dans la cour de la prison, le docteur Louis et ses collègues, à savoir Guillotin et Cullerier médecin-chef de l’hôpital de Bicêtre qui avait réservé des cadavres frais pour l’événementnote 13, le mécanicien Schmidt, le charpentier Guidon, l’exécuteur Charles-Henri Sanson, ses deux frères et un de ses fils, probablement Henri, l’aîné, en âge d’exercer comme aide. Il y a aussi des personnalités de l’Assemblée nationale et du conseil des Hospices, ainsi que les médecins renommés, l’aliéniste Pinel et Cabanis. Guillotin fut satisfait et Louis se félicita du succès et fit un rapport en date du 19 avril 1792 à Roederer : « Les expériences de la machine du sieur Schmidt ont été faites mardi à Bicêtre sur trois cadavres qu’elle a décapités si nettement qu’on a été étonné de la force et de la célérité de son action. Les fonctions de l’exécuteur se borneront à pousser la bascule qui permet la chute du mouton portant le tranchoir, après que les valets auront lié le criminel et l’auront mis en situation »45note 14. On constate donc que la guillotine est munie maintenant d’une bascule qui immobilise et amène rapidement le corps du patient à l’horizontale et facilite le positionnement de sa tête sur le billot.
D’un autre côté, la version des fameux « Mémoires des Sanson»
continue logiquement la réunion des Tuileries : l’expérience aurait été
faite avec deux couperets, l’un oblique qui décapita proprement les deux
premiers cadavres et l’autre en croissant qui manqua le dernier46.
Sylvain Larue rapporte une version un peu différente: les cadavres sont
ceux de deux prisonniers et d’une prostituée. Le premier corps est
coupé avec la lame arrondie. Le coup réussit puis échoue sur le
deuxième. La lame oblique parfait la coupe ratée et tranche net le
dernier corps, celui de la fille publique47.
On a parfois écrit que sur ce même lieu de Bicêtre fut plus tard mise
en chantier, une guillotine à neuf tranchants imaginée par un certain
Guillot, mécanicien parisien, véritable émule de Schmidt, mais dont la
réalisation fut laborieuse et les essais décevants. Cet inventeur fut
peu après arrêté pour fabrication de faux-assignats et guillotiné avec
la machine officielle48.
Elle est enfin prévue pour le 25 avril 1792 en place de Grève.
Jamais une machine aussi peu réjouissante n’aura été autant désirée.
Entre autres tribunaux qui accumulaient les prisonniers, le deuxième
tribunal criminel de Paris avait condamné à mort, trois mois auparavant,
le 24 janvier précédent, l’agresseur d’une personne en pleine rue pour
lui voler des assignats, nommé Nicolas Jacques Pelletier. Moreau, un juge de ce tribunal, écrit à Roederer :« […]
Son crime a été public, la réparation devrait être prompte, et une
pareille lenteur, surtout au milieu de cette ville immense, en même
temps qu’elle ôte à la loi l’énergie qu’elle doit avoir, compromet la
sûreté du citoyen […] »49. Roederer s’adresse la veille à La Fayette,
commandant-général de la garde nationale pour s’assurer ce jour-là de
la main-forte car il pressent que ce nouveau mode d’exécution attirera
la foule, et il lui demande en conséquence de laisser sur place les
gendarmes plus longtemps après l’exécution, jusqu’à l’enlèvement de la
guillotine et de l’échafaud.
Pelletier fut donc le premier homme à être « monté sur
mademoiselle ». On nommait ainsi une guillotine qui n’avait pas encore
servi. La Chronique de Paris du 26 avril (n°118) signale l’événement :« Hier,
à trois heures de l’après-midi, on a mis en usage, pour la première
fois, la machine destinée à couper la tête des criminels […] La
nouveauté du spectacle avait considérablement grossi la foule de ceux
qu’une pitié barbare conduit à ces tristes spectacles »50. Si les journaux s’indignent quelque peu, Prudhomme
loue l’instrument « qui concilie le mieux ce qu’on doit à l’humanité et
ce qu’exige la loi » et il ajoute « du moins tant que la peine capitale
ne sera pas abolie »51.
La foule, restée calme, fut étonnée de la rapidité de l’outil et de son
efficacité, mais la majorité des curieux furent déçus de la brièveté du
spectacle. Ce que l’on peut résumer par un mot encore prêté à
Guillotin : « La tête vole, le sang jaillit, l’homme n’est plus »52.
Une exécution au temps des Deibler
Les guillotinades de la Révolution ont eu un aspect particulier mais
gardaient une procédure des plus simples : tout de suite après leur
condamnation, un acheminement des individus, en charrette, légèrement
habillés, les mains liées derrière le dos, normalement attachés aux
ridelles, dans une atmosphère de parade lugubre, avec des soldats et des
gendarmes à cheval. Les condamnés arrivés devant les bois de justice,
descendent et attendent dans un ordre défini pour monter à leur tour sur
l’estrade. Ceux qui restent au pied n’entendront que le bruit de la
machine, ponctué par les applaudissements de la foule. Quelques
décennies plus tard, le pénal a repris ses droits et l’ambiance n’est
plus du tout la même et bien que des détails techniques puissent
différer, la procédure sera similaire sous toutes les républiquesnote 42.
Un service d’ordre commandé par le commissaire divisionnaire dégage les
abords de la prison et empêchera le moment venu une curiosité trop
pressante, voire une excitation de la foule qui, tant qu’elle fut
autorisée, est soigneusement tenue à distance. On peut imaginer que
l’endroit est la place de la Roquette et que le condamné est un homme.
En Allemagne
Les modèles utilisés étaient les mêmes qu’en France jusqu’au milieu du XIXe siècle. À partir de cette date, les machines à décapitation ont changé d’apparence : d’une hauteur moindre, plus de métal. Le « Fallbeil », comme on l’appelait en Allemagne, demeure en usage jusqu’à l’abolition de la peine de mort dans la République fédérale d'Allemagne (1949) et jusqu’à 1968 en République démocratique allemande.
Hitler utilisa beaucoup la guillotine. On estime que sous le troisième Reich, 16 000 personnes furent guillotinées197.
Les modèles utilisés étaient les mêmes qu’en France jusqu’au milieu du XIXe siècle. À partir de cette date, les machines à décapitation ont changé d’apparence : d’une hauteur moindre, plus de métal. Le « Fallbeil », comme on l’appelait en Allemagne, demeure en usage jusqu’à l’abolition de la peine de mort dans la République fédérale d'Allemagne (1949) et jusqu’à 1968 en République démocratique allemande.
Hitler utilisa beaucoup la guillotine. On estime que sous le troisième Reich, 16 000 personnes furent guillotinées197.
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