LOBO de CRIN o BOROCHI (Chrysocyon brachyurus)

Cánido de las pampas. Los guaraníes lo llaman aguará guasú ("zorro grande")
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A MIS LECTORAS... y al resto

“Amigos lectores que leerán este libro blog, | despójense de toda pasión | y no se escandalicen al leerlo |
no contiene mal ni corrupción; | es verdad que no encontrarán nada de perfección |
salvo en materia de reír; |
mi corazón no puede elegir otro sujeto | a la vista de la pena que los mina y los consume. |
Vale mejor tratar de reír que derramar lágrimas, | porque la risa es lo propio y noble del alma. Sean felices!
--François Rabelais (circa 1534) [english]

domingo, 9 de octubre de 2011

La sainte Guillotine



Une liste des gagnants « sainte Guillotine »
« On avait fait de la liberté révolutionnaire, une déesse ; on fit de la guillotine une sainte », ironise Georges Duval154. On assiste, en effet, sous la Terreur, au transfert d’une religion à une autre. La guillotinade paraissait, par son rite implacable, une cérémonie véritablement sacrificielle. Chalier s’était écrié après avoir brisé un crucifix : « Ce n’est pas assez d’avoir fait périr le tyran des corps, il faut que le tyran des âmes soit détrôné »155. Toute une panoplie métaphorique se crée dans la bouche des orateurs révolutionnaires. En route pour assister à une « mise à égalité » d’aristocrates, Voulland annonce d’un air emprunté : « Allons auprès du grand autel voir célébrer la messe rouge ». Les vendeurs de journaux courent les rues en criant : « Voici les noms de ceux qui ont gagné à la loterie de sainte guillotine »156. D’ailleurs, ces listes de condamnés sont placardées dans des vitrines de commerçants et des auberges. Ce cynisme outrancier scandalise nombre de citoyens qui, soucieux du respect dû aux décisions du tribunal et aux familles éplorées, réclament l’arrêt de ces publications157.
Puis, apparurent les hymnes parodiques, en réponse aux religieuses qui allèrent en chantant au supplice. On remplaça les « Litanies de la Sainte-Vierge » par les « Litanies de Sainte-Guillotine » :
Sainte Guillotine, protectrice des patriotes, priez pour nous ;
Sainte Guillotine, effroi des aristocrates, protégez-nous ;
Machine aimable, machine admirable, ayez pitié de nous ;
Sainte-Guillotine délivrez-nous de nos ennemis…
Ces paroles iconoclastes qui, d’après le dramaturge Georges Duval158, prirent leur essor le 21 janvier 1794, pour la commémoration du premier anniversaire de la mort du Roi, « furent ensuite chantés dans les rues, dans les carrefours et même dans les Tuileries, sous les fenêtres de la Convention, par les chanteurs publics aux gages des Jacobins et de la Commune ». D’autres chansons étaient composées d’expressions hypocoristiques comme « sainte-guillotinette » qui tendaient à rendre cet instrument amical et familier :
Ils ont fait une oraison
Ma Guingueraingon
À sainte-Guillotinette
Ma Guinguerainguette
159.
Dans ce climat, Marat et Robespierre sont considérés comme de nouveaux prophètes, et l’orateur artésien qui rêve d’instituer une religion de sa conception, est tenu par ses thuriféraires pour un demi-dieu. Il aura droit, lui aussi, à ses litanies et on célébrera, dans la même veine, le « sacré cœur » de Marat, « deuxième martyr de la Liberté »160. Le célèbre tribun d’Arras a conservé avec naïveté, mais non sans vanité, tout un abondant courrier rempli de flagorneries et d’adulations fanatiques, venues de toutes les régions du pays161.



Un condamné assisté de l'aumonier
Le dernier viatique
La présence de l’aumônier est importante car elle est le dernier dialogue avec le supplicié et celui-ci y trouve souvent un dernier apaisement. Sans doute, pour cette raison, même au cœur de la répression la plus dure, les révolutionnaires qui avaient aboli l’habit ecclésiastique et le culte catholique sous peine de mort, avaient conservé l’habitude des anciennes justices criminelles, d’envoyer auprès des condamnés un prêtre, évidemment constitutionnel, mais ils feront quelques exceptions comme pour le Roi. Ainsi, Fouquier, dès qu'après une audience, il avait pris connaissance de la liste des condamnés, la transmettait-il aussitôt à l'évêché176. Pendant la Terreur, beaucoup de suppliciés restés fidèles à leur foi, se feront bénir et donner l’absolution au cours de leur dernier voyage par un prêtre « insermenté », dissimulé dans la foule. Le rôle primordial de l’aumônier, déjà reconnu par Sanson, dans ses mémoires, fit partie intégrante du protocole sous tous les régimes durant l’activité de la guillotine.

Après les épisodes révolutionnaires, le prêtre a la possibilité de faire de fréquentes visites au prisonnier dans sa cellule afin de tenter de l’amener à résipiscence et l’encourager à bien mourir ; et, si ce dernier est chrétien, il le confesse et le fait communier. En route vers l’échafaud, si le condamné accepte toujours sa présence, il le soutient physiquement et moralement, et ne se séparera de lui que pour lui donner une ultime accolade. Comme les aides du bourreau demeurent muets et indifférents par principe, le prêtre est le seul contact humain que pourra connaître un condamné à ses dernières minutes.

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