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--François Rabelais (circa 1534) [english]

viernes, 5 de agosto de 2011

Le chaland qui passe

[El comprador que pasa]
Source
dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net/50_chansons/

Deux des chansons les plus "françaises" du répertoire dit "français" sont, on le sait, d'origine étrangère : "Viens Poupoule" qui est d'origine allemande - voir au numéro 12 - et "La Matchiche", d'origine espagnole - voir au numéro 16. - Qu'en était-il des Italiens ? - Et bien voilà : ce "Chaland qui passe", si français, si typiquement français que l'on a, pendant plus de quarante ans, distribué un des classiques du cinéma - français toujours - sous ce nom (avant de lui redonner son titre original : L'Atalante - Jean Vigo - 1934) aura été un succès italien avant de devenir ce grand classique que l'on sait.
Son créateur, ce qui en surprendra plusieurs, fut Vittorio de Sica (oui, oui : celui du Voleur de bicyclette) qui, en 1932 dans un film aujourd'hui plus ou moins connu, Gli Uomini, che Mascalzoni ! [*], avec son plus beau sourire, dans une quelconque guinguette, prit dans ses bras Lia Franca pour en faire un petit fox-trot inoubliable. - Paroles : Ennio Neri. - Musique : Cesare-Andrea Bixio.
Attiré par la musique de Bixio, Vigo décida d'en faire le thème de son film. Il chargea le parolier André de Badet, connu plus tard pour avoir adapté "Stormy Weather", d'en écrire les paroles sauf que la chanson "Le chaland qui passe" existait déjà sur une musique de Maurice Jaubert, le compositeur de la musique de L'Atalante... On parle donc de paroles françaises existantes, ajoutées à une musique d'origine italienne quelque peu transformée par un compositeur français. - L'honneur est sauf !
Quelle que soit sa petite histoire, que l'on parle de "Parlami d'amore, Mariu" ou du "Chaland qui passe", c'est dans les deux langues que la mélodie s'est répandue dans le monde entier. - Il en existe des centaines de versions, en anglais, en polonais, en grec, en suédois (Zarah Leander) et même en russe. - Mantovani l'a enregistrée, Mario Lanza, Giuseppe di Stefano, Luciano Pavarotti, Dmitri Hvorostovsky, les Trois Ténors... Dolce & Gabbana s'en est servi comme thème...
Pour la France, ne mentionnons que sa créatrice, Lys Gauty qui en fit un succès monstre, un succès presque aussi important que - passez-nous l'affront - celui du "Temps des cerises".
Entre 1933 et 1971, plus de quarante interprètes l'ont mis à leur répertoire et pas les moindres.
Tino Rossi fut un des premiers à la reprendre (en 1934).
Mais passons aux auditions où l'on sera étonné des transformations auxquelles cette chanson a été soumises.
Et voici la version originelle "Le chaland qui passe":
La nuit s'est faite, la berge
S'estompe et s'endort
Seule, au passage une auberge
Cligne ses yeux d'or
Le chaland glisse et j'emporte
D'un geste vainqueur
Ton jeune corps qui m'apporte
L'inconnu moqueur de son cœur

Ne pensons à rien, le courant
Fait de nous toujours des errants
Sur mon chaland, sautant d'un quai
L'amour peut-être s'est embarqué
Aimons-nous ce soir sans songer
À ce que demain peu changer
Au fil de l'eau point de serments
Ce n'est que sur terre qu'on ment

Version Gauty
La nuit s'est faite, la berge
S'estompe et se perd
Seule, au passage une auberge
Cligne ses yeux pers.
Le chaland glisse, sans trêve
Sur l'eau de satin
Où s'en va-t-il ? Vers quel rêve ?
Vers quel incertain
Du destin ?

Refrain
Ne pensons à rien, le courant
Fait de nous toujours des errants
Sur mon chaland, sautant d'un quai
L'amour peut-être s'est embarqué
Aimons-nous ce soir sans songer
A ce que demain peut changer
Au fil de l'eau point de serments :
Ce n'est que sur Terre qu'on ment !
Ta bouche est triste et j'évoque
Ces fruits mal mûris
Loin d'un soleil qui provoque
Leurs chauds coloris
Mais sous ma lèvre enfiévrée
Par l'onde et le vent
Je veux la voir empourprée
Comme au soleil levant
Les auvents

au Refrain
En version originale, d'abord, et en fox-trot, voici Vittorio de Sica : 
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